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N'y pense plus
15 décembre 2009

Case prison

Dans l’attente de Columbo

Je vous écris depuis mon appartement. J’attends sagement de me faire cueillir par les flics. Je crois que j’ai fait une très grosse bêtise…

Cette histoire m’a littéralement fait péter les plombs !

Hier, j’ai harcelé Alain au téléphone toute la journée. J’ai commencé à l’appeler dès six heures du matin et je ne me suis pas arrêté jusqu’à ce qu’il décroche enfin, tard dans la nuit. Il était hors de lui !

Il m’a raconté sa version de ce qui était en train de se passer mais j’étais persuadé qu’il me mentait encore une fois. Il m’a dit que la danseuse que je prenais pour Emma était une autre ballerine qui lui ressemblait beaucoup. Cette fille s’est soi-disant fait poignarder par un petit ami jaloux l’année dernière. Depuis, elle est terrorisée dès que quelqu’un essaye de l’approcher.

Je ne l’ai pas cru, j’avais l’impression de devenir fou ! Je voulais faire parler Alain coûte que coûte, mais je suis allé beaucoup trop loin…

L’après-midi suivant, le garçon entra dans un magasin de jouets sereinement. Il en ressortit beaucoup plus tendu : l’achat qu’il venait de réaliser le faisait basculer dans un monde où il n’avait jamais eu à mettre les pieds. Il répéta toute la journée la scène qu’il  jouerait le soir. Discours concis et incisif, gestes précis et adroits… Il se préparait comme l’aurait fait un acteur. Après tout, ce n’était ni plus ni moins qu’une pièce qu’il allait devoir délivrer dans le 16ème arrondissement.

Il était si concentré qu’il reconnut sa démarche dans les escaliers. Il se leva d’un bond. Le chorégraphe était sur le point de glisser sa clé dans la serrure de sa porte quand il sentit une pression dans le bas de son dos.

            « Je te conseille d’entrer normalement sans faire de bruit murmura Théo, sinon je te fais éclater les reins avec ce que je tiens entre les mains. »

            Les doigts du chorégraphe tremblaient tant qu’il eut du mal à tourner la clé. Théo, submergé par l’adrénaline, était satisfait de son effet. Il avait l’impression de prendre la place du héros des films qu’il allait voir au cinéma. A l’intérieur, il ordonna à Alain de s’asseoir en brandissant son revolver en plastique. L’otage laissa échapper une remarque qui conforta le garçon dans ses convictions.

            « Elle fait vraiment chier, soupira t-il.

            _J’espère que tu vas te montrer plus bavard qu’au téléphone ! dit Théo.

            _Ça va, tu as gagné, fit Alain. Je vais tout t’avouer. Quelle histoire de fou… »

Je pensais enfin toucher au but ! Mais au lieu de me dire ce que je voulais entendre, Alain est resté fidèle à sa version, malgré la fausse arme que j’avais entre les mains.

Il m’a même proposé d’appeler la ballerine en question, pour que je me rende compte par moi-même de la ressemblance. Quand elle est arrivée, tous mes espoirs se sont envolés. J’avais l’impression d’avoir le sosie d’Emma en face de moi.

Là, j’ai paniqué : j’avais menacé un homme avec une arme ! Elle était fausse, bien évidemment, mais j’avais commis une prise d’otage !

L’euphorie qui maintenait tous les sens du garçon en alerte était maintenant retombée. Il revenait peu à peu à la réalité. La certitude d’obtenir des réponses à ses questions lui avait fait oublier de prévoir ce qu’il aurait à faire s’il se méprenait. Comment pouvait t-il se sortir de cette situation avec ce pistolet en plastique ? Il n’était même pas question de négocier avec Alain, cela ne servirait à rien. Théo était persuadé que sa victime irait porter plainte à l’instant où il passerait la porte. L’idée d’être jugé pour séquestration, avec l’arme comme circonstance aggravante, le fit paniquer. La peur qui l’envahit l’empêcha de réfléchir. Il ramassa son jouet et sortit de l’appartement en courant sans un mot pour les deux autres.

Je suis rentré chez moi. Je m’attends à voir débarquer la police d’une minute à l’autre. Je ne veux pas m’enfuir, toute cette comédie a assez duré, et je dois payer pour ce que j’ai fait.

Si par chance je suis toujours en liberté la semaine prochaine, je vous dirai ce qu’il m’est arrivé.

A lundi. J’espère.

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