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N'y pense plus
2 novembre 2009

çe ne fait que commencer...

Un peu plus près

 

Il faut que je me dépêche de vous écrire, je dois commander des billets pour Londres. Pourquoi je pars ? Vous le saurez avant la fin de ce billet.

Par où commencer pour retrouver Emma ? 

Il y a trois ans, je l’avais cherché dans tous les lieux que nous avions en commun. Je ne connaissais même pas l’endroit où elle vivait ! Une chambre de bonne misérable selon Emma, qu’elle ne voulait surtout pas me montrer tant elle en avait honte. 

Vous vous demandez sûrement comment on peut « perdre » sa copine comme ça ? En fait c’est assez simple : il suffit que vous ne connaissiez pas son adresse, que son nom n’apparaisse ni sur internet ni dans les fichiers de la police et que son téléphone sonne toujours dans le vide…

A cette époque, je m’étais rendu dans le bar et le cinéma que je vous ai décrits dans mon précédent post. Pas d’Emma. J’avais alors abandonné mes recherches et entamé ma dépression qui se traduit encore maintenant par tout ce méli-mélo qui encombre ma tête. Mais, en y réfléchissant bien, je me suis rendu compte que j’avais négligé un seul lieu : le parc Monceau.

Alors, oui, c’est peut-être ridicule, mais hier, j’ai passé la journée à Monceau. J’ai même dû mentir à Sophie pour expliquer mon absence à notre cours de marketing. Pas question de lui parler d’Emma, et encore moins de mes recherches !

 

Sophie appela Théo juste avant que leur cours de marketing ne commence quand elle ne le vit pas dans la salle. Au bout du fil, le garçon simula une grosse toux qui rendait sa voix à peine perceptible.

« Non, je suis cloué au lit. Le médecin m’a dit que c’était très contagieux. Je vais me reposer, je pense que ça ira mieux lundi.

_Le médecin ? Il n’est même pas huit heures et tu as déjà vu un médecin ?! s’étonna-t-elle.

_Oui, enfin, j’ai fait venir un médecin de garde cette nuit, je me sentais vraiment mal. Ecoute, ça me fatigue de parler, donc je vais te laisser, on se voit la semaine prochaine. »

A bout d’arguments, après une nuit blanche, Théo préféra écourter la conversation. Avec cette invention, il serait tranquille pour quelques jours. 

L’étudiant n’avait pas dormi de la nuit mais il ne perdit pas une minute pour se mettre en marche, plein d’entrain. Il eût vite accompli sa première ronde dans le parc de taille modeste. Les promeneurs auraient pu le prendre pour un détraqué. Le jeune homme examinait chaque visage qui venait vers lui, inspectait chaque détail physique. La fatigue lui brouillait la vue : il devait plisser les yeux et se pencher en avant pour distinguer les personnes qui s’approchaient de lui.

C’est quand même drôle de mettre tant de cœur à préserver un petit espace de verdure dans une ville que l’on s’est acharné à bétonner. Ce parc, c’est la bonne conscience de l’urbaniste, c’est le mea culpa de l’architecte. Le parc de la ville, c’est un peu l’oasis du désert. Et d’ailleurs, pourquoi l’inverse n’a jamais été tenté ? Un petit espace de bitume dans un désert de sable. Ça serait marrant de se promener en pleine jungle, de faire tomber une dernière liane à la machette pour se retrouver nez-à-nez avec un cinéma multiplexe ! Ou alors d’apercevoir au loin sur la banquise du pôle nord une galerie marchande ! Ou encore…

 

J’ai arpenté le parc la journée entière pour, bien logiquement, rentrer bredouille… Qu’est-que je croyais ? Qu’Emma m’attendrait là trois années plus tard un bouquet de fleurs à la main pour se faire pardonner ? Je me suis senti bête de continuer à espérer, tellement bête ! Et pourtant, je me suis promis de ne pas lâcher. Cette fois-ci, je continuerai tant que je ne l’aurais pas en face de moi !

Et l’unique piste qu’il me reste est ce parc. C’est pourquoi j’y suis retourné ce matin. Mes pieds comptabilisent cinq ampoules à eux deux. Je peux vous dire que je connais l’endroit par cœur, je pourrais en faire le tour les yeux fermés. J’ai marché sans m’arrêter, en scrutant tous les visages que je croisais, jusqu’à ce que la chance me sourie enfin. Enfin…

 

Les yeux de Théo se figèrent soudainement. Son regard était plongé dans le vide, mais il fut averti par des traits qui lui étaient familiers. Il avança pour être sûr. Ses sensations étaient si fortes que le garçon devait approcher lentement, comme si ses petits pas étaient les amortisseurs qui encaissaient les impacts successifs de surprise, de mélancolie, de joie et d’espoir. La fille ne se promenait pas, elle paraissait attendre quelqu’un. Arrivé à quelques mètres, Théo n’eut plus de doute : c’était Janelle, l’amie d’Emma. Celle dont le grand-père possédait l’atelier de poterie. Elle s’était teint les cheveux, elle avait un peu changé, mais c’était bien Janelle ! 

 Les jambes de Théo tremblaient lorsqu’il se risqua à aborder la fille d’une voix écrasée par l’émotion.

« Janelle ? ».

La blonde ne se retourna pas tout de suite. Il lui fallut quelques secondes pour comprendre que c’était elle que l’on appelait. Des secondes interminables pour Théo qui fut saisi de vertiges. Elle se retourna enfin complètement et l’expression de son visage confirma qu’elle le reconnaissait.

« Théo ?! Je ne m’attendais jamais… enfin, pas du tout à te revoir !

_Moi si, balbutia-t-il, en tout cas, je l’espérais !

_Comment vas-tu depuis le temps ? lui demanda-t-elle. »

 Le garçon avait vécu un enfer depuis le départ d’Emma, il se posait continuellement des questions à cause d’elle, et Janelle se contentait de prendre de ses nouvelles ! Théo transpirait à grosses gouttes, il touchait au but, la fille allait enfin lui apporter des réponses.

 « Pour tout te dire je ne vais pas très bien Janelle. Je ne sais même pas par où commencer… Où aviez-vous tous disparus ?! Où est Emma ?! Tu sais pourquoi elle m’a quitté ?! enchaîna le jeune homme.

 _Mais nous n’avons jamais disparu Théo !

 _Le bar, je vous ai attendu des jours dans ce bar où nous allions tous ! Vous n’y êtes pas revenus ! lança-t-il d’un ton presque accusateur.

 _Le bar… Oui, ce bar là. Il devenait de plus en plus mal famé. Un ami nous a fait découvrir un autre café beaucoup plus sympa dans le 10ème, voilà tout.

 _Et Emma ! Et Emma Janelle ! Tu sais qu’elle m’a quitté sans me dire un mot ?!

 _Avec Emma on s’est perdu de vue tu sais. A l’époque, elle nous avait confié en avoir assez de ne plus pouvoir danser, elle n’arrêtait pas de répéter que le ballet lui manquait. Elle nous a dit qu’elle allait rejoindre la troupe à Londres.

 

Vous comprenez mieux pourquoi je me rends dans la capitale anglaise ? Je dois faire vite, je veux partir demain matin. Je vous laisse, mais je vous dirai ce que j’ai découvert la semaine prochaine. 

N’oubliez pas, lundi, à midi.

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