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N'y pense plus
9 novembre 2009

langues étrangères appliquées

Elle est passée par ici, elle repassera par là


Il s’est passé tellement de choses depuis la semaine dernière !

J’ai énormément progressé dans mon enquête, je ne pensais pas avancer aussi vite ! Mon plan était simple en arrivant à Londres : je devais visiter une à une toutes les salles où la troupe d’Emma avait pu danser il y a trois ans. Je ne devais en oublier aucune. Même si elle ne pouvait être sur scène, Emma avait pu transiter par l’une d’entre elles.

 

  L’avion atterrit sous une pluie de bienvenue à Heathrow. Théo tenait fermement quelques feuilles imprimées des adresses où il devait se rendre. Il s’était occupé de tout, sauf d’un détail que son empressement lui avait fait occulter : le logement. Il se rendit compte de son étourderie avec effroi avant de prendre une navette pour le nord de Londres. Là, il parcourut les rues, évidemment sans parapluie, à la recherche d’un hôtel abordable. Il s’engouffra dans la première pension qu’il aperçut et s’empressa de tapoter la sonnette de l’accueil d’abord calmement, puis avec insistance. Trempé et à bout de force, il avait épuisé toutes ses réserves de patience. Les minutes défilaient mais personne ne vint l’accueillir.

 C’est pas vrai, et la courtoisie anglaise c’est une légende ? Je ne pensais jamais me retrouver dans un hall d’hôtel si sordide un jour. Même les fleurs de la tapisserie sont fanées ! Et puis c’est quoi cette idée de poser une fouine empaillée sur le comptoir ?! Comment font-ils pour figer ces animaux d’ailleurs... On les tue pour le faire ou on les ramasse une fois morts pour les fourrer de paille ? Ce n’est quand même pas un vieil animal de compagnie dont on n’a pas voulu se séparer, je n’ai encore vu personne promener sa fouine au bout d’une laisse dans la rue !

 « Can I help you Sir ? »

 Théo était si focalisé sur son objectif qu’il avait presque fait abstraction du pays où il se trouvait, et il fut paradoxalement surpris que l’on s’adresse à lui en anglais. Il réalisa brusquement que sa maitrise approximative de la langue pourrait freiner ses recherches.

 

Il m’a fallu une semaine entière, mais j’ai finalement découvert ce que je cherchais dans un des plus beaux lieux de représentation de la ville. J’y ai rencontré un vieil anglais qui m’a fait découvrir un album photo où étaient recensées toutes les troupes qui avaient dansé ici.

Emma y figurait, malgré son bandage à la cheville. Ma joie a été de courte durée : c’était bien beau d’avoir une photo d’elle, mais à quoi pouvait-elle me servir pour la suite ? 

Et puis… en m’attardant sur le cliché, je me suis aperçu que certains membres de la troupe tenaient un billet entre leurs mains, sûrement pour se rendre sur le lieu de leur prochain spectacle. J’ai pu lire la destination : Milan. Vous vous en doutez bien, j’ai rassemblé toutes mes affaires et je me suis envolé dès que j’ai pu pour la capitale de la mode.

Une fois arrivé, je me suis installé dans une auberge de jeunesse avant de poursuivre mon investigation. J’étais tellement obnubilé par Emma que j’en ai oublié Sophie. Elle m’a appelé morte d’inquiétude : cela faisait plus d’une semaine qu’elle était sans nouvelles de moi ! Je lui ai menti. Oui, encore. Mais c’était pour la bonne cause. Je lui ai dit que j’étais à Lyon chez un ami pour me relaxer un peu avant le début de mon stage.

Aussitôt après, je me suis rendu dans un petit théâtre de la ville, je n’aurais jamais pensé que la troupe reconnue d’Emma puisse faire une date dans ce bouiboui. Et pourtant…

 

Sa prochaine étape était un petit théâtre dans le sud de la ville. Après la célèbre scène de Londres, Théo ne plaçait pas beaucoup d’espoir dans cette salle vétuste mais la chance semblait aujourd’hui lui sourire. A peine entré dans le hall, un homme vint vers lui, les bras grands ouverts. Théo eut tout juste le temps de placer deux mots en anglais avant que le sympathique quadragénaire ne l’arrête. Il entama lui-même la conversation dans un français impeccable.

 « Tu es français toi, je ne me trompe pas ? »

 Théo était un peu étonné, comment avait-il deviné ? Son accent ridicule ? Ses vêtements ?

 « Français oui, exactement.

 _Qu’est-ce que je peux faire pour toi mon grand ? demanda l’italien.

 _Voilà, je suis à la recherche d’un ballet de danse, la troupe Rébit, et je me demandais s’ils ne se seraient pas produits ici il y a trois ans ?

 _Rébit, bien sûr, c’est mon ami Alain qui la dirige ! Un spectacle fantastique. Normalement, leur tournée ne passait que par les plus grandes salles européennes mais comme je suis le cousin du directeur, il m’a fait une faveur. On a fait un carton ce soir là, c’était favolosi !

 _Oui vraiment ? Et, heu, vous savez où ils sont maintenant ? Vous pouvez me donner les coordonnées de cet Alain ? Apparemment la troupe a été dissoute et je n’arrive pas à la retrouver !

 _Non, elle a juste changé de nom. Rébit, c’était un homme d’affaires, un mécène aussi, c’est lui qui finançait le ballet. Mais son entreprise a fait faillite, alors Alain a fait appel à un autre businessman. Tu sais, même les affaires culturelles vivent grâce au business maintenant. Attends-moi ici, je vais te noter tout ce que tu dois savoir. »

 L’homme bedonnant revint d’une arrière-salle avec un morceau de papier où étaient inscrits le nom de cet Alain, son adresse personnelle et même la salle où il enseignait à Paris.

 

J’avais l’impression de rêver ! J’allais enfin rencontrer une personne qui côtoie toujours Emma !

Je vous écris depuis Paris où je suis revenu tout à l’heure. Demain, c’est le grand jour. Je vais rendre une petite visite à cet Alain. Il aura les réponses à mes questions, j’en suis persuadé ! Je vous dirai évidemment tout de notre entrevue la semaine prochaine.

Lundi, midi précise…

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